Enfiler son manteau, soulever une boîte, rester debout plusieurs heures, taper sur un clavier… autant de gestes anodins qui pourtant peuvent entraîner des conséquences durables sur la santé. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont aujourd’hui la première cause de maladie professionnelle en France. Alors, comment prévenir ces risques ? Une formation « gestes et postures » est un premier pas, mais elle ne peut être réellement efficace que si elle est adaptée au métier de chacun.
Les chiffres qui parlent
Selon l’Assurance Maladie (rapport 2023), 87 % des maladies professionnelles reconnues sont liées aux TMS, affectant principalement le dos, les épaules, les poignets et les genoux. Les secteurs les plus touchés sont la manutention, les soins à la personne, l’agroalimentaire, le bâtiment, mais aussi les métiers du tertiaire, souvent oubliés dans la prévention.
Quelques données marquantes :
- 45 millions de journées de travail perdues chaque année à cause des TMS en France (source : INRS).
- Un TMS coûte en moyenne 21 000 € à l’employeur par cas (entre arrêts, remplacements et soins).
- Les lombalgies représentent à elles seules 20 % des arrêts maladie de longue durée (source : Santé Publique France).
Un mal commun mais des réalités différentes
Beaucoup d’entreprises proposent encore des formations gestes et postures standardisées, souvent théoriques, parfois vécues comme une formalité ou une perte de temps. Pourtant, entre un aide-soignant qui mobilise un patient, un magasinier qui déplace des charges lourdes, et un développeur qui reste assis 8h par jour, les contraintes physiques ne sont ni les mêmes, ni les réponses ergonomiques à y apporter.
Attention car un même geste peut être anodin dans un métier, et destructeur dans un autre.
Prenons deux exemples :
- Dans le BTP, l’effort physique est intense, et les gestes répétitifs sont nombreux. La prévention doit porter sur la posture lors du port de charges, la manipulation d’outils, ou encore la coordination d’équipe pour limiter les efforts individuels.
- Dans les métiers de bureau, la sédentarité est le principal risque. Rester assis longtemps dans une mauvaise posture peut entraîner des douleurs chroniques au dos ou aux cervicales. Ici, la formation doit aborder l’aménagement du poste de travail, les pauses actives, et la micro-mobilité.
Pourquoi personnaliser la formation ?
Adapter la formation gestes et postures à chaque métier permet :
- Une meilleure appropriation : les salariés comprennent mieux les enjeux quand on parle de leurs situations concrètes.
- Une mise en pratique réelle : ils peuvent appliquer directement ce qu’ils apprennent, avec des gestes qui leur parlent.
- Une prévention durable : les bonnes postures deviennent des réflexes, intégrés dans le quotidien.
- Un engagement renforcé : l’individu se sent reconnu dans ses contraintes, et non traité comme un simple numéro.
Comment rendre une formation efficace ?
L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) recommande une approche dite “située” : c’est-à-dire partir du poste de travail réel, observer les gestes, et proposer des solutions concrètes avec les salariés.
Une formation réussie, c’est :
- Un formateur qui connaît le secteur.
- Une partie terrain : sur les postes réels.
- Des démonstrations pratiques.
- L’implication des managers et RH.
- Un suivi dans le temps.
Quelques paroles de terrain pour illustrer :
“Avant, je me contentais de baisser le dos pour soulever un carton. Depuis la formation sur mon poste, j’ai compris comment me placer. Je me sens mieux et je suis moins fatiguée en fin de journée.”
Claire, préparatrice de commandes, 39 ans
“Je pensais que gestes et postures ne me concernaient pas, je suis assis toute la journée ! Mais j’ai appris à mieux régler mon écran et à faire des pauses. Moins de douleurs, plus de confort.”
Youssef, analyste financier, 28 ans
Former aux gestes et postures, c’est bien. Le faire en tenant compte du métier, du poste, de la réalité du terrain, c’est essentiel. C’est une démarche de prévention intelligente, humaine et efficace. Elle valorise les salariés, diminue l’absentéisme, et participe à un climat de travail plus sain.